Compostelle 2000

Pélerinage de St Jean Pied de Port à Compostelle

 Pèlerinage à Compostelle : 16 ans après…

 ou : d’une année jubilaire à une autre

 Il y avait longtemps que j’avais ressenti l’appel de la route. Un appel à me mettre en chemin. A suivre le Camino vers le tombeau de St Jacques le Majeur. Plusieurs années d’hésitations, de doutes, de remise en question… avant de répondre à cet appel.

 Et en 2000, année jubilaire, j’ai franchi le pas : Je suis parti sur le chemin, de Saint Jean Pied de Port vers Compostelle. 750 km de chemins. 30 jours de marche. 30 jours de rencontres, de réflexions, de prière. 30 jours de conversion, c’est-à-dire de changement intérieur, de retournement.

 L’adage dit que l’on part avec certaines motivations et que l’on arrive avec d’autres. Le chemin change les points de vue. Et les questions que l’on se pose en partant ne sont pas celles que l’on se pose en rentrant.
L’important, à mon point de vue, c’était avant tout de partir léger, pour rester ouvert à l’inattendu, à l’inattendu de Dieu. Cela reste vrai aujourd’hui.

 Et après le retour ? Ce fut important de prendre le temps de relire le chemin. D’en découvrir les enseignements, les défis, les pièges aussi. Un des pièges consiste à prendre le pèlerinage en lui-même comme solution et d’éternellement attendre de pouvoir repartir. En fait, mélanger la vie de tous les jours avec la vie sur le Camino. C’est un piège car effectivement, sur le chemin, se vivent des moments forts de fraternité, d’entraide, de compassion, de miséricorde,… et il est tentant, pour revivre ces moments, de repartir alors que, je le pense, nous sommes appelés à en être témoin et en vivre dans notre quotidien.

 De 2000 à aujourd’hui, de nombreux événements sont venus ponctuer mon chemin. Des célébrations sur un chemin de foi, des réponses personnelles à des appels au service et au souci de mes frères, des choix parfois difficiles,… D’une certaine façon, tous initiés par le chemin.

 2015/2016, année jubilaire de la miséricorde. Le chemin a peut-être changé, mais j’essaye toujours d’être pèlerin, c’est-à-dire de répondre à un appel à me mettre en route et à  LE  suivre. Les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile de Jean  Toi, suis-moi , ne sont pas une fin, mais le début d’un chemin.

Carnets de route

Avant le départ : Note sur l’hésychasme

  • Méditer comme une MONTAGNE
         Être lourd de présence
  • Méditer comme un COQUELICOT
         Se tourner vers la lumière
  • "Méditer comme un OCEAN
         Être le flux et le reflux du souffle
  • Méditer comme un OISEAU
         Laisser monter le chant qui vient du cœur.
  • Méditer comme ABRAHAM
         Entretenir le contact avec la Présence, la Paix et l’Amour
  • Méditer comme JESUS
          Être fils pour prier comme le fils.

J0 Samedi 26 août 2000 Bruxelles – Saint-Jean-Pied-de-Port

12h : départ en TGV de Bruxelles où j’ai oublié ma croix. Un signe ?
Un ciel bleu à Bruxelles, pluie à Poitiers
18h : arrivé à saint Jean Pied de Port. Temps gris, pas trop chaud mais humide.
Le refuge est sympa, en particulier l’accueil. Mais le trajet m’a crevé et j’ai envie de dormir. Grignoter quelque chose puis douche – dodo.

Arrivé à pied d’œuvre vers 16H sous un temps gris et avec un risque de pluie… Mais il ne fait pas trop chaud.
Fatigué par le trajet en TGV (air conditionné), j’espère q’une bonne nuit de sommeil me permettra de partir sur deux pieds vaillants et de franchir les Pyrénées d’un bond.

Commentaires : Le premier jour est difficile : s’arracher à ses habitudes, prendre un chemin inconnu, se lancer vers le neuf… Dans ce contexte, oublier la croix de bois que je comptais mettre sur le chemin a peut-être un sens caché : oublier sa croix pour mieux porter celle des autres, pour être plus présent à la différence. Mais c’est peut-être aussi la peur d’affirmer ma Foi dans un contexte inconnu

J1 Dimanche 27 août Saint Jean-Pied-de-Port - Roncevalles

Départ ce matin à 7H après une nuit plutôt mauvaise. Rencontre avec une dame de Wépion, Kety dont le mari fait la route en auto.
Le maître mot de la journée, c’est MONTER : 6h de montée pour 1h de descente.
Le temps est gris mais sec et pas trop chaud : idéal pour ce type d’étape.
J’ai croisé dans la partie française de nombreuses vaches remplacés plus haut par des chevaux et des moutons. Et de nombreux rapaces et vautours.
J’en ai longuement observé un de plus d’un mètre d’envergure.
La descente est très éprouvante et très raide dans les bois espagnols.
Résultat : talons fatigués.
Une très belle étape.
Après l’accueil à l’abbaye de Roncevalles. Nous assistons à la messe des pèlerins et à  la bénédiction solennelle. Un repas au « restaurant » : le menu du pèlerin pour 1000 pesetas (+= 7 euros ). Soupe / Truite et frites / Glace.
Et une ‘bonne nuit’ au refuge. Beau temps mais pas trop chaud… et à l’arrivée un refuge accueillant et une bonne douche chaude et en perspective un repas au bar du village : Menu du Pèlerin !

Commentaire : Une journée éprouvante, mais une des plus belles du chemin. Il faut souvent se dépasser pour dépasser les difficultés de la route. Et rester humble face à la grandeur du paysage. C’est aussi un moment de louange vis à vis du Créateur qui a sut mettre devant nous de si belles choses. « Je crois en Dieu, Créateur … »

J2 Lundi 28 août Roncevalles - Larrasoaña

Départ à 7H pour une nouvelle étape pyrénéenne. Plutôt froid à cette heure !!! Un pull est nécessaire.
Un beau chemin, sans route, qui arrive à Viscarret où je m’achète un sandwich au fromage pour midi et poursuite vers zubiri où je mange vers 13H.
Chemins ombragés, bordés de buis, plein de buis.
Après le repas, un bain de pied dans la rivière Rio Arga : froid mais bon pour les pieds.
Encore 1H30 de marche jusqu’à Larrasoaña. Un refuge sympa, des douches chaudes et un accueil chaleureux.
La journée à été entrecoupée de réflexions et discussions sur « l’ici et maintenant » avec Kety.

Repas pour 1300 pesetas : salade + filet de bœuf.

Commentaire : Ici et maintenant est un des grands apprentissages du chemin. Vouloir être demain nous mène à négliger les bonheurs de l’aujourd’hui et à rater tant de choses, de rencontres riches en apprentissages.

J3 Mardi 29 août – Larrasoaña - Pamplune

Une nuit plutôt chaude et écourtée : difficile de dormir
Fatigué ce matin mais l’étape en perspective est courte : 16km.
Départ prévu vers 7h30.
Je vais profiter de ce moment pour faire quelques étirations et exercices avant de partir. Ne pas oublier le sac et le petit déjeuner !

Finalement départ à la fraîche à 7H20. Le chemin longe la rivière au frais des arbres. Grâce à un allemand sympa, nous recevons un tampon à ARRE au monastère ou nous visitons l’Eglise romane. La suite est moins gaie car elle traverse la banlieue de pamplune.

Pamplune : une vielle ville que je visiterai peut-être tout à l’heure, si j’en ai le courage ! (après 16H !)

Physiquement tout va bien, à part quelques douleurs musculaires et des frottements aux hanches et aux clavicules. Temps beau et CHAUD, surtout à partir de 12H. A l’ombre, pour écrire, c’est tout juste bon.

Longs moments seuls aujourd’hui à réfléchir. Peu de doutes mais des interrogations sur le Pourquoi, l’ici et le maintenant.
Quel est le sens de cette route ? Demain sera un autre jour et le Christ marchera à mes cotés. Je pense que le début, c’est le moment du physique, le mental lui se tient relativement tranquille. Quand le physique se fera oublié …

Recherche d’une poste et envoi de la première lettre à Marianne. Puis visite rapide et TRES chaude (35°) de la vielle ville. Pas mal, sans plus.
Repas au soir avec Georges (l’allemand) : soupe de légume puis filet de bœuf et melon. Un orage violent pendant le repas et une bonne partie de la nuit.

Commentaire : Le sens à donner aux gestes est l’autre grande ligne d’apprentissage : chaque geste, même le plus banal a un sens dans le contexte vécu. Et ce sens m’est donné par le Christ qui reste toujours le point de convergence de mon regard.

J4 Mercredi 30 août – Pamplune – Puenta la Reina

Une bonne nuit  et ce matin il fait plus frais pour marcher.
Au programme 26 km jusque Puenta la Reina, Si Dieu le veut.
Une matinée nuageuse mais pas trop chaude. Vers midi, le soleil pointe timidement son nez et le fond de l’air devient plus sec. Pluie ou soleil ? beaucoup de vent.
Pique nique dans les champs, juste avant obanos.
Le paysage a totalement changé : moins montagneux, plus cultivé (vigne, amandes, tournesol.
Ce matin, en passant le col, nous sommes accueillis par une légion de gardiens : les éoliennes !
Les montées donnent chaud, les descentes sont dures pour les pieds.

Arrivée au refuge au delà de Puenta la Reina : tout nouveau en hauteur et beaucoup de monde. Lavé et frais, le soleil s’est enfin levé et sèche le linge.
Visite de l’Eglise de Puenta la Reina et l’Eglise du séminaire et recherche de cartes postales.

« Marcher à son propre rythme et ne pas suivre les autres ! Etre soi ! »

Apéritif offert par Jacques (LLN) puis repas Macaroni – Tortillas.
DODO

Journée nuageuse le matin, ce qui n’est pas plus mal pour marcher. Changement de décor : on passe des montagnes aux vallées cultivées : Tournesol, vigne, olives, amandes. Plus de vaches, de chevaux et de moutons. Arrivée vers 14H : Douche et repos (tout est fermé jusque 17H). Moment d ‘écrire ces quelques lignes que je posterai demain avec la carte suivante.

J5 Jeudi 31 août - Puenta la Reina - Estella

Petites problème intestinaux : douleurs qui finissent par passer.
Départ à 7H.
Un pull est nécessaire au départ (frais) puis le temps devient chaud mais nuageux. Le paysage change : plus plat avec de petites collines. Chemins dégagés et plus faciles.
Quelques problèmes aux pieds (talon douloureux) mais sinon le physique est OK.
Moral au beau fixe.
Discussion sur le chemin avec une espagnole et une suisse allemande.
Arrivée à Estella à 13H puis routine : Douche, Nettoyage, manger, écrire, se reposer jusque 17H.
Demain : Los Acros ou Torres del Rio selon le temps et le physique.

NB : j’ai dépassé 100km ce jour.

Visite de l’Eglise San Pedro : mélange de roman et gothique et un joli cloître (voir photo). Puis petit repas et dodo.

Journée idéale pour marcher : fraiche à 7H, légèrement nuageux. Le paysage change, devient moins abrupte et plus doux : de beaux villages typiques.
De nombreuses rencontres et jusqu’à présent tout va pour le mieux.

J6 Vendredi 1 Septembre.- Estella – Torres del Rio

Départ à 7H avant le lever du jour. Marche toute la matinée avec une espagnole de Pamplune qui termine ce samedi à Logroño.
Longues discussions sur la famille et Chants.
A Los Arcos je continue seul et je croise Chantale (F) que j’accompagne jusqu’à Torres del Rio.
Arrivée à 14H après une longue marche rapide sous un soleil qui commence à taper.
Joli village et refuge confortable.
Douche, Lavage, Manger, Pieds, Ecrire !
Visite de l’église construite sur un plan octogonal.

Temps bleu, chaud et peu de vent.

J7 Samedi 2 septembre – Torres del Rio - Navarette

Départ à 7h de Tores del Rio. Ciel étoilé, Orion bien visible.
Chemin vallonné jusque Viana où je retrouve Kety près de l’église. Marche beaucoup plus désagréable aux abords de Logroño : grosses routes, voitures,…
Visite de l’église puis fuite hors de la ville. Dîner au bord d’un lac où je retrouve serge que j’accompagne jusque Navarette. Arrivée vers 14H30.
Journée ensoleillée, légèrement nuageuse le matin puis dégagé. Chaleur supportable.
Longue étape (32km) monotone et peu intéressante au point de vue du paysage. Trop de routes et chemins macadamisés. Fatiguant pour les pieds !

Physiquement tout se stabilise, les pieds vont bien, le dos est OK. Le moral est au beau fixe.

« Attention à ne pas vouloir en faire trop ! »

J8 Dimanche 3 septembre – Navarette – San Domingo de la Calzada

Justement, j’en ai fait trop ce jour : 37 km de Navarette à San Domingo de la Calzada.
Fin de journée éprouvante, avec une Douleur importante à la jambe gauche.
Arrivée à l’abbaye cistercienne à 19H ! Heureusement, une nuit de repos jusque 7H du matin a remis en place le corps après un repas copieux au monastère.

Première carte depuis quelques jours : les cartes ne se trouvent que dans les grandes villes !
Une longue étape aujourd’hui : 37km pour rattraper un point classique d’arrêt pour Burgos.
Un temps couvert idéal pour marcher. Repos et dodo dans un monastère cistercien.

J9 Lundi 4 septembre - San Domingo de la Calzada - Belorado.

Le décor est essentiellement des champs de blé coupés. Etape de 25 km jusqu’à Belorado où nous sommes accueillis en français !
Douche froide puis lessive et repos.
Je pense aux enfants et à Marianne qui me manquent. Y aller mollo si je veux arriver un jour à Santiago !
Messe avec une réflexion sur le double aspect de saint Jacques : Militaire et Pèlerin.
Ce dernier voit loin, avec calme et sérénité. Au service de Dieu.
Dîner au soir avec un couple norvégien, une américaine (Monica) et Anne (F).
Un superbe vin de la Rioja! C’est la fête au village !

Changement de province et de région : je suis en castille dans la région de burgos. Toujours un temps idéal pour la marche. Tout va pour le mieux ?

J10 Mardi 5 septembre – Belorado - San Juan d’Ortega

Départ à 7H pour une étape de 25 km.
Chemin vallonné entre Belorado et Villafranca montes où je fais provision de fruits et légumes.
Puis un trajet alternant buissons et zones boisées. Un très joli paysage mais un chemin plus difficiles que les jours précédents. Ma jambe me laisse plus ou moins tranquille.
Arrivée vers 13H. Douche Froide ! Lessive à la fontaine.

Essentiellement seul toute la matinée, longues réflexions sur le Pourquoi.

« Pourquoi continuer ? » Doutes : Et si j’arrêtais.

Je pense être passé par la partie « Douloureuse » des mystères. L’enthousiasme fait place au doute. Les pas se suivent et je continue à marcher pour Dieu car c’est Lui qui me guide sur la route. « Marche pour moi ! »
« Suis moi » comme dirait Serge.

Une longue discussion avec le médecin norvégien, autour d’une bière, sur la médecine :

  • Globalité de l’Etre.
  • In dissociabilité du corps et de l’Esprit.

Pourquoi souffrir de ses pieds ? Quelle leçon en tirer ?
La douleur me freine. Vais-je trop vite ?
Calmer l’esprit pour calmer le corps.
Simplement marcher, sans se préoccuper des autres, si ce n’est pour les aider, leur apporter Amour et Compassion
Donner du temps à Dieu implique sans doute d’être seul, à l’écoute de Dieu.. Les autres, on peut leur parler à table, aux étapes.

Le soir, repas avec Anne, les norvégiens et l’américaine. Anne retourne à Bordeaux demain matin, les trois autres continuent.

Une étape vallonnée à travers des bois et des champs de blé, une des plus belle depuis pamplune.
Le temps reste au beau fixe, même un peu trop chaud après 15H. Le refuge, dans un ancien monastère, est simple (eau froide : très froide !) mais l’accueil est chaleureux. "

J11 Mercredi 6 septembre : San Juan d’Ortega – Burgos

Départ à 7H15 ce matin, accompagné d’une espagnole. Début agréable dans les bois (sauf pour ma cheville gauche !) puis la campagne. On rejoint de petits villages par de petites routes (chaud pour les pieds) avant d’atteindre la nationale 1 !!!
Grosse route, pleine de camions et voitures sur +- 5km. Puis entrée dans Bugos qu’il faut traverser à pied sur près de 6km pour atteindre le refuge dans un parc.
Enfin ! car les pieds sont à plat !
Douche … puis retour en ville (2km) pour trouver une pharmacie (chevillère), une banque, un magasin de légumes et visiter la cathédrale.
Puis écriture et repos.
Encore une journée de doute dont l’origine est dans la douleur. Douleur à la cheville et aux talons, muscles fatigués. Il faut se reposer mais ce n’est pas facile. Que désire Dieu ? Il désire qu’on l’aime comme Il nous aime ! Seulement !
Mais voilà, ce n’est pas simple : qui peut aimer comme Dieu ? Aimer sans limite.

Un brésilien fait le chemin. Il soigne les gens. Il est en accord avec la terre, avec lui-même, simplement.
Mais moi, qui suis-je réellement ?
     Un informaticien ? Non!
     Un kinésithérapeute ? Non
Ce que je désirerais, c’est aider les autres, apporter un peu de lumière dans les ténèbres. Pouvoir aimer sans limites et sans rien attendre en retour.
Mais est-ce ce que Dieu attend de moi ?
Continuer et réfléchir. Poser les actes qui sont en accord avec mon moi intérieur.
Etre simplement. Aujourd’hui.

Discussion avec un Padre espagnol sur les motifs des pèlerinages. Beaucoup d’espagnols font du tourisme, les étrangers ont des motivations plus religieuses.
Pourquoi pas !
Repas avec un espagnol qui faisait le chemin de retour vers la France.

" Départ dans le noir pour éviter la chaleur. Un joli début de route dans les bois, puis dans la campagne. Malheureusement, arrivée dans la banlieue de Burgos : Grosse route nationale, voitures, camions, … puis traversée sans fin (5km) de Burgos pour atteindre le refuge.
Après la douche, le repas et la lessive … petit tour en ville, pour faire les courses et visiter la ville et la cathédrale "

J12 Jeudi 7 septembre : Burgos - Horillos del Camino.

Petite étape, départ à 8H.
Pas de problème majeur.
A partir de Rabe de las calzadas, on est sur un plateau désertique : l’horizon s’enfuit au fur et à mesure que l’on avance vers lui. Puis descente vers Hornillos où j’arrive vers 12H.
Douche, … et longue sieste jusque 18H.

Changer de vie, travailler et aider les autres quand ils en ont besoin. Ecouter les autres et écouter Dieu car il nous guide par les rencontres qu’Il nous présente chaque jour. Changer, radicalement ?
A voir !
Se comprendre pour comprendre les autres. Ce matin : passage à vide. De nombreuses questions sans réponse. Simplement marcher, suivre la route.
Le chemin est un raccourci de la vie : on peut s’arrêter, on peut tricher, .. mais on ne peut pas revenir en arrière pour modifier le passé. De la naissance à la mort, il faut marcher pour réaliser SON chemin.

Messe au village : durée 30 minutes : une messe express.

Encore une carte de Burgos, j’en ai une réserve et Hornillos est un tout petit village !
Petite étape, long repos. Après la ville, quel calme !
Le paysage change : je passe sur les plateaux semi-désertiques où l’horizon fuit au fur et à mesure. Même paysage prévu pour 180km !

J13 Vendredi 8 septembre : Hornillos del Camino - Itero de la Vega.

Départ à 7H15 pour profiter de la fraîcheur. Long chemin dans les plateaux désertiques, sans voir personne.
Arrivé à Castrojeriz, visite de la cathédrale où je fais du Tai Chi avec un allemand, puis je continue, un peu trop vite, vers la province de Palencia.
Longue montée, dure et éprouvante au soleil, puis petit plateau et descente difficile pour les pieds. Fin de parcours éprouvant par la chaleur pour arriver vers 15H au refuge d’Itero de la Vega(celui d’Itero del Castillo était fermé jusque 16H30).
Douche, …
C’est un petit refuge de 12 lits + matelas : ouvert et accueillant.

Je dois apprendre à être moins impatient et à mieux doser mon effort. Aujourd’hui j’ai forcé sur certains passages et je le ressens maintenant. J’essayerai de partir tôt demain mais sans forcer la marche car l’état général risque de s’en ressentir si j’exagère.
Patience ! Patience !
Sinon tout va relativement bien.
Le muscle du pied gauche me laisse relativement tranquille avec la bande. Les talons sont douloureux mais à l’intérieur. Massage chaque soir.
Beaucoup boire à cause du soleil !!!
Pas de dîner, car c’est la fiesta au village !!! Très mauvaise nuit à cause du bruit.

" Longue étape sous le soleil. Beaux chemins dont une pente « courte mais forte ». Repos bien mérité !"

J14 Samedi 9 septembre - Itero de la Vega-Carrion de Los Condes.

Ce matin départ à 7H.. Une jolie roue dans le désert de Itero à Bohadillo où je bois un chocolat chaud avec une hollandaise et une sud américaine. Puis chemin vers Fromista où nous longeons le canal avant de voir d’ancienne écluses sur plusieurs niveaux.
Achat de légumes et fruits.
Puis une longue route le long de la route vers Villacazar où je comptais m’arrêter. Mais là : Surprise !
Un mariage (en habits traditionnels) et ... les norvégiens et Monika ! Je décide de poursuivre avec eux jusque Carrion de los condes. (35km)

375km en 14 jours

Arrêt au monastère de Sancta Clara, plus cher mais en chambre de 4 et tout le confort : Draps, essuis, …
Repos.
Les pieds sont OK maintenant mais j’ai un léger problème de peau (frottement ) à soigner et à surveiller !
Dîner copieux avec les norvégiens et l’américaine :

  • Soupe de légume
  • Steak de jeune taureau  (1/2 kg !)
  • Glace

Nuit tranquille mais difficile à cause de la digestion.

" Sous un soleil toujours présent, je parcourre aujourd’hui l’une des plus longues étapes de ces derniers jours. Paysage toujours désertique, parsemé de canaux autour desquels quelques arbres donnent de l’ombre. Ce soir, arrêt au monastère de Sancta Clara pour la nuit (exceptionnellement, chambre de 4 !)"

J15 Dimanche 10 septembre 2000 - Carrion de Los Condes - Terradillo de los Templarios

Petit déjeuner au bar. Monika s’arrête car elle a mal au ventre et décide de nous rejoindre en taxi.
Long chemin poussiéreux jusque Calzadilla. Jus de fruit au bar : c’est comme un oasis dans le désert. Puis un chemin plus boisé mais sans ombre jusque Ledigos. Coca au bar.
Fin de chemin le long de la route avec arrivée à Terradillo de los Templarios. Le ciel devient nuageux. De la pluie en perspective ?
En attendant le temps est lourd.
Physiquement, c’est le statut quo : Pieds OK, Peau à surveiller et ventre lourd.
Besoin de repos ou en tout cas de petites étapes. Les prochains jours devraient être de plus ou moins 20km ce qui reposera la mécanique.
Longue conversation avec les norvégiens sur l’Eglise, sur la place de la femme dans l’église, …
Egalement, un questionnement sur comment concilier métier et aide aux personnes. La question reste ouverte.
Autre question : quand avoir des enfants : jeunes ou plus tard. Conclusion de la discussion : Il n’y a pas de solution unique. Seulement ne pas attendre d’être sûr …
Chute de tension pendant le repas (chaleur ? Fatigue ?)
Puis nuit d’orage :violent avec peu de pluie

Toujours dans la zone « semi-désertique » : de longs chemins pleins de poussière, de champs de blé (coupés), quelques collines. Et un Soleil qui chauffe… Un petit refuge au calme pour la nuit et quelques nuages. Peut-être de la pluie

J16 Lundi 11 septembre - Terradillo de los Templarios - Sahagun .

Départ au matin vers 7h30. rapidement pluie et orage nous surprennent. Arrêt à l’abri de l’église à Moratinos. Puis poursuite sous la pluie jusque Sahagun. Arrivée à 10H45.

Petit déjeuner (sandwich) au bar puis installation à l’auberge. Les norvégiens prennent le train vers Ortega et je les accompagne à la gare. Puis repas au restaurant avec 2 espagnols et une colombienne.
Douche et repos.

Le physique est incertain : le pieds sont OK, la peau se remet grâce au traitement donné par le médecin norvégien mais j’ai l’impression de ne pas être dans mon assiette. Malaise général, la sieste de l’après midi ne me réussit pas et il fait très lourd. Pourtant quand je marche tout va bien. Mais j’arrive difficilement à dormir correctement. Penser à plus se reposer mais c’est difficile dans les refuges.

Et Dieu dans tout cela ? Je l’oublie peut-être et je devrais revenir aux premiers moments de réflexion sur le Pourquoi du pèlerinage. Arriver vivant et revenir !!!
Pour l’instant c’est plutôt mal parti à moins que ce soit les quelques jours de chaleur que je n’arrive pas à digérer.
En tout cas, des périodes de repos indispensables et le plus souvent possible !
Au soir, repas en commun avec une canadienne, deux français, des allemands et des hollandais. Une bonne ambiance !

" Une courte étape pour se reposer. Pour la première fois, je rencontre orage et pluie et le chemin, s’il est moins chaud, est plus difficile. Repos après un repas léger."

J17 Mardi 12 septembre - Sahagun - Reliegos

Après une bonne nuit, départ à 7H. Un long chemin bordé de platanes mais trop près de l’autoroute !
Arrivé à El Burgos Ranero, je décide de continuer : encore 12km de chemins au soleil, parsemés de coins d’ombre aménagés (bancs, …) et de petites rivières. Bain de pied !
Arrivée à Reliegos vers 14H30
Douche, …
Sandwich au fromage et repos.
Petit village avec des caves creusées au sein de la colline. Bonne journée pas trop fatigante. Demain Leon et 2 jours d’hôtel pour me reposer.
Je rencontre Thibaut, le français croisé hier soir. Il continue sur 5km (quel courage !)
Il s’arrête cette année à Leon.
Une longue méditation sur le destin : se laisser porter par la vie plutôt qu’essayer de la maîtriser.

Tentations au désert :
S’arrêter, prendre le bus.
Forcer et se détruire.
Encore et toujours trouver la voie juste

Beaucoup de tentations pour le pèlerin, mais pour moi s’arrêter et ne plus écouter Dieu sont certainement les plus importantes .
Je dois donc ménager plus de place à Dieu dans mon quotidien : Rituels, prières, bénédictions,…
Marquer le quotidien d’une touche sacrée : Gloire à Dieu Au plus haut des cieux.
Relire le cantique de la création de Saint François d’Assise.

Dîner avec une suisse : Pâtes à la tomate et poivrons + vin.
Puis Dodo !

" Belle journée ensoleillée, pas trop chaude surtout le matin. Toujours de longs chemins dans une plaine aride où l’on essaye depuis dix ans de planter des platanes le long du chemin… avec un succès mitigé !"

J18 Mercredi 13 septembre – Reliegos - Leon

départ à 7H15
Toujours le même type de chemins, mais un peu plus vert. Après Mansilla, le chemin rejoint assez vite des routes et est difficile à suivre ! Pas de flèches ou très peu ! Finalement entrée dans Leon. Pas aussi dramatique que Burgos mais quand même ! 3 à 4km de routes, de voitures, …
Passage par le refuge de St Maria (cachet) puis recherche d’un hôtel dans le centre pour 2 jours. Repos !
Dîner dans un resto italien à 14H : Pizza .

Après, recherche de cartes postales et dodo !
Veillée à St Maria.

J19 Jeudi 14 septembre - Leon

Le soir, dîner avec Thibaut qui rentre en France. Longue discussion à table à propos de l’Eglise, ses préceptes , … Bonne route !
Ce matin, petit déjeuner (à l’aise) et visite de la cathédrale. Le musée vaut la peine d’être vu, le cloître est superbe et la cathédrale possède des sculptures magnifiques. Livre envoyé à Bruxelles (trop lourd à porter !).
Une longue sieste, puis une un long moment de prière :

  • dans la chapelle de la catédrale
  • messe de 18H

Un dîner léger – douche – dodo

Jour de repos après une étape de 26km. Belle journée pour visiter la cathédrale (vaut le détour) et se reposer un peu.

J20 Vendredi 15 septembre Leon – Hospital de Orbigo

Départ à 7H. La sortie de Leon se fait dans des faubourgs industriels jusque Virgen del Camino. Une église ouverte où je m’arrête pour prier. Je rencontre ensuite un français qui marche pour la 5ème fois sur le chemin.
Un chemin long et monotone, le long de la N120. Arrêt à Villadangos pour déjeuner avant de poursuivre cette longue route monotone jusque Hospital de Orbigo.
Une discussion particulièrement intéressante, en particulier sur le rôle du pèlerin : soulager ceux qui en ont besoin en emmenant leurs intentions de prière jusque Compostelle. Porter sa famille, ses amis, sa paroisse et les personnes croisées sur le chemin.
Le gîte paroissial est particulièrement sympathique (photo). Bon état physique mais légères douleurs aux muscles de la jambe qu’il ne faut pas oublier d’étirer ! Le temps est chaud et de plus en plus couvert.
Une des journées les plus monotones au point de vue du chemin mais des plus intéressante au point de vue des rencontres et dialogues.

Quel est le But du Pèlerin ?

  • Suivre le Chemin de Dieu
  • Chercher Dieu
  • Changer (mais quoi ?)
  • Apprendre

Le soir, nous vivons en commun les vêpres et la bénédiction des pèlerins. Un moment riche d’émotion et de partage.

Encore une étape de plaine relativement monotone : le chemin suit la route sur près de 20km ! Sinon le temps est toujours beau, parsemé de nuages. Etape propice à la méditation et à la pensée. Je pense donc particulièrement à vous.

J21 Samedi 16 septembre - Hospital de Orbigo - Murias de Rechivaldo

Après une bonne nuit fraîche, un lever tardif pour assister aux laudes à 8H.
Nous ne sommes pas nombreux (la majorité est déjà partie) et je me permet de chanter « Trouver dans ma vie ta présence », chant qui m’accompagne depuis le début de ce chemin. Un moment de recueillement intense et de prière.
Une jeune française souffre d’un tendon d’Achille et je me propose de l’examiner avant de partir. Je ne trouve rien de particulier et lui conseille néanmoins de se reposer quelques jours si elle veut terminer son pèlerinage. Je la reverrai peut-être à Astorga.
L’étape entre Hospital et Astorga est très agréable : 17 km de sentiers et peu de routes et finalement une très belle vue sur Astorga, avec sa cathédrale visible de loin. Je récite un chapelet sur les mystères douloureux.
Malheureusement, à Astorga, PLEIN de touristes et impossible de visiter la cathédrale. Je croise Michel et je continue jusque Murias de Rechivaldo où je m’arrête à 14H. Il s’agit d’un petit refuge de 20 places qui est totalement vide quand nous arrivons.
Douche- Lessive – Ecriture.- Repos.
Recherche d’une boite aux lettres et d’un téléphone.
Je suis persuadé de l’importance d’un petit oratoire chez soi : une place avec une table, … et une bougie où il fait bon méditer, prier. Un lieu consacré à Dieu. Quelques coussins, un petit banc.
A voir en rentrant.

Notre Père : Une prière importante qui revient sans cesse. Prière à la fois personnelle et collective où l’on adresse louange à Dieu et où l’on demande d’être assez fort pour suivre le chemin qu’il nous indique.
A Dieu seul le Gloire et la Louange.
A Dieu seul toute Bénédiction.

Je recopie les deux textes suivants du carnet de michel :

Bénédiction et Prière du Pèlerin (Leon – Murios, …)

Seigneur Jésus-Christ,
Toi qui libera ton serviteur Abraham d’Ur en Chaldée, en le protégeant dans toutes ses pérégrinations, lui qui fut le guide du peuple hébreu dans le désert,
daigne bénir tes enfants qui, par amour de ton nom, font ce pèlerinage de Compostelle.
Sois pour eux compagnon pendant la marche, guide dans les carrefours, abri sur le chemin, ombre en pleine chaleur, lumière dans l’obscurité,
consolation dans le découragement, fermeté dans leurs intentions.
Que sous ta conduite, ils arrivent sains et saufs au terme de leur chemin,
et qu’ils regagnent leurs foyers enrichis de grâces et de vertus, indemnes et pleins de force.
Par Jésus-Christ, notre Seigneur, Amen.

Marchez au nom du Christ qui est le chemin et priez pour nous à Compostelle

Et ce très beau poème anonyme mais probablement écrit par Eugène Garibay Banos Curé d'Hormillejas – sur le mur d’une usine juste avant Najera.

Poussière, boue, soleil et pluie
C'est le chemin de Saint-Jacques
Des millions de pèlerins
En plus d'un millier d'années

Pèlerin qui t'appelle ? Quelle est
Cette force obscure qui t'attire
Ni le champ des étoiles
Ni les grandes cathédrales.

Ce n'est pas la bravoure navarraise
Ni le vin de ceux dela Rioja
Ni les fruits de mer des Galiciens
Ni les champs Castillans

Pèlerin qui t'appelle ? Quelle est
Cette force obscure qui t'attire ?
Ni les gens du chemin
Ni les coutumes rurales


Ce n'est pas l'histoire et sa culture
Ni le coq de la Calzada
Ni le palais de Gaudi
Ni le château de Ponferrada

Tout cela je le vois au passage
Et ce m'est une joie de tout voir
Mais la voix qui, moi, m'appelle
Je la ressens au plus profond.

La force qui, moi, me pousse
La force qui, moi, m'attire,
Je ne sais même pas l'expliquer
Seul celui d'en haut le sait.

Le soir, dîner au restaurant du village. La propriétaire nous offre le vin blanc en apéritif et nous accueille avec un amour infini. Si ce n’est pas le meilleur repas, c’est en tout cas le plus chaleureux.Michel et moi discutons longuement à cœurs ouverts de notre passé, de notre vécu. C’est un grand moment de partage car j’ai l’impression que nous parlons la même langue, partageons les mêmes pensées.

" Petite étape (tout comme celle de demain) avant d’entamer les difficultés du Camino : la descente vers Ponferrada et le surlendemain la montée vers O Cebreiro. En attendant le moral est bon, le temps est beau (parfois un peu top chaud l’après midi !) et le physique tient le coup. "

J22 Dimanche 17 septembre - Murias de Rechivaldo - El Acebo

Après une excellente nuit, départ à 7H, dans le noir. La route blanche est bien visible, malgré les nuages qui voilent la lune. Dans tous les villages traversés, les bars sont fermés et il faut attendre Rabanal del Camino pour boire un chocolat et manger quelque chose. Nous avions décidé, Michel et moi de rester sur place mais à 11H, je décide finalement de continuer car le temps est couvert et pas trop chaud. Autant en profiter.
C’est une longue montée jusqu’à la croix de fer. C’est un moment important, car je me rends compte, suite aux discussions d’hier, que ce pèlerinage porte d’autres personnes à qui je n’avais pas pensé. Et une longue part de la montée est consacrée à des réflexions concernant ces différentes personnes et leurs proches. Je pense qu’ils font dorénavant intégralement partie de mes intentions de prière à Santiago.
Je dépose une pierre-prière (ce sont des pierres que j’ai emmené depuis chez moi et qui symbolisent à la fois les lourdeurs du passé et les prières portées sur le chemin) à leur intention au pied de la croix de fer. Les autres pierres iront jusqu’à la mer.
Cette pierre représente à la fois toutes les erreurs que j’ai pu commettre à leur encontre et tout l’Amour que je leur porte.
Puis descente (et montée) vers Manjarin : un refuge bizarre tenu par l’ordre de Malte. Poursuite sur la route (et chemins) vers El Acebo où je m’arrête au refuge. Manger – Lessive- Douche – Courrier.
C’était une superbe étape de moyenne montagne où les paysages sont à tout moment changeants. Beaucoup de photos .
Egalement très riche en réflexions.
J’espère revoir Michel un de ces jours.
Dîner et Bonne Nuit.

Là, le décor change : la route monte, le chemin grimpe dans la montagne jusqu’à la croix de fer (1500m). Le paysage est magnifique et s’ouvre sur montagnes et vallées. Une journée à priori difficile mais que le paysage fait passer rapidement. C’est le jour où j’ai pris le plus de photo

J23 Lundi18 septembre - El Acebo - Cacabelos

Petit déjeuner à 7H 7H à l’auberge puis départ vers Ponferrada avec une londonienne prénommée Patricia. Descente pas trop dure mais une assez longue approche pour entrer dans Ponferrada que l’on contourne longuement.
J’assiste à la messe puis je cherche avec difficulté quelque chose à manger !
Puis une longue route plus monotone jusqu’à Cacabelos où le  refugeest superbe : de petites chambres de deux entourant une église. Je vais faire les courses er réserver le gîte pour demain.
Patricia, professeur de Yoga, me rappelle l’importance de Sentir le chemin.
Merci.
Au soir, pizza quatre fromages et puis dodo.

Une étape de descente jusqu’à Ponferrada et puis 15km de plat. Avec un temps pas trop chaud, une belle étape de transition avant d’attaquer demain et après-demain la montée vers O Ceibrero et rentrer enfin en Galice.

J24 Mardi 19 septembre - Cacabelos - Ruitelan

Départ 7H30, puis route et joli chemin jusque Villafranca de Bierzo dont je découvre l’église au loin. Une halte pour un cachet.
Malheureusement, après ce n’est plus que routes, routes et autoroute en construction ! Affreux !
Et pour couronner le tout, de la pluie et du froid !
Un repas à Vega de Valacarce et arrêt à Ruitelan avant la montée vers O Cebreiro que je réserve pour demain matin.

Vertus de la journées :

  • Fortitude
  • Patience
  • Humilité

La Force pour continuer dans la difficulté et la peur.
La Patience vis à vis d’une route qui n’en finit pas.
L’humilité vis à vis de tout ce qui est plus fort que nous : la nature, les camions … et Dieu.

Au soir, séance de Shiatsu pour tout remettre en place. Après une heure de manipulations, je me sens OK et réparé.
Bon souper et bonne nuit

Après un joli chemin pour déboucher à Villafranca, il faut malheureusement emprunter la route : cars, camions, voitures … C’est très stressant !
Un bon repas à midi à Vega de Valcrce et puis trois km sous la pluie !!!
Repos avant l’étape de demain : 600m à monter sur 10km

J25 Mercredi 20 septembre - Ruitelan - Triacastella

départ à 8H parès un petit déjeuner copieux 10km d’ascension vers O Ceibreiro. J’arrive trempé de l’intérieur, mouillé par l ‘effort et dans un vent glacial.
Second petit déjeuner avec deux cafés bien chauds. Et vers 11H30, poursuite du chemin, avec pull et veste imperméable ! Une petite pluie intermittente et un vent glacial nous accompagne.
Au sommet, à 1370m, arrêt pour un jus de fruit et je décide de continuer et d’entamer la descente. Trois heures, de 14 à 17H d’une descente avec de nombreux arrêts au soleil, avec du vent et parfois un peu de pluie. C’est très dur après la montée.
Arrivé enfin à Triacastella, le refuge est plein. Qu’à cela ne tienne, nous cherchons à plusieurs une chambre dans le village.
Quel confort par rapport à certains refuges !
Douche, téléphones, repos.
Physiquement, les jambes sont fatiguées mais cela va néanmoins : demain devrait être une petite étape jusque Sarria.
Pensée du jour (dans la descente) : Dieu est mon copilote (pour éviter les accidents)
Si Dieu le veut, je continue ! (Un arrêt peut également signifier beaucoup !)

Au soir : dîner des pèlerin et dodo.

Jour pluvieux où alternent fine pluie et éclaircies. Mais surtout 600m de montée (->1370m) et 600m de descente ! Le paysage change, je passe en Galice : plus vert et donc plus pluvieux.
Malgré le temps et la fatigue, une belle étape avec de splendides payasges, de nombreux petits villages et peu de routes.

J26 Jeudi 21 septembre 2000 - Triacastella - Sarria

Ce matin, lever à 7H30, petit déjeuner a 7H50 (croissant – chocolat chaud) et départ à 8H15. Et choix de la route la plus courte !
Temps nuageux mais beau, pas très chaud.
C’est un superbe chemin avec peu de routes mais de nombreuses montées et descentes entre les prés.
Arrivée à Sarria à 12H.
Petite pension de famille
Douche, restaurant (salade mixte et entrecôte milanaise)
Et un peu de repos pour récupérer de la fatigue de la veille.
Santiago approche ! Plus que 4 jours si tout se passe bien : Portomarin, Palas de rei, Arzua et Monte de Gozo. Des étapes assez longues en perspective (22,24,29 et 32 km !)
Mais soyons prudent et attendons : le chemin ne nous appartient pas !

Au soir, pique-nique devant l’église et messe à 8H : C’est un moment important car le prêtre nous rappelle le but et la cause de tout pèlerinage : Voyager pour et avec Dieu

Petite étape de « repos » dans la verdure de la Galice. Un temps clément mais couvert où il fait bon marcher. Une journée pour réparer le corps après les longues montées et descentes de la veille

J27 Vendredi 22 septembre – Sarria - Portomarin

Lever 7H, départ 8H 8H après un petit déjeuner au bar. Mais trente minutes de ‘perdues’ dans la ville à chercher un chemin invisible dans la semi-obscurité !
Une splendide journée de marche, pas trop chaude mais avec un soleil radieux et un ciel parfaitement bleu. De superbes chemins entre prés et bois (chênes). Une étape pas trop longue.
Un lac de barrage asséché avec au fond l’ancien village de Portomarin.
Le refuge est plein et je trouve avec d’autres un petit hotel pas trop cher.
Repas et repos.
Je croise Michel qui arrive juste de Samos !!!
Chants – Méditation – Tai-Chi.

Au soir, repas en plein air et je vais à la messe … qui n’a pas lieu car l’église est en réfection. Un long moment de prière.

Après s’être perdu dans la ville sans trouver le chemin, le chemin fut idyllique : petites routes, sentiers dans la nature, …le tout sous le soleil. Une des plus belles étapes de ces derniers jours !

J28 Samedi 23 septembre – Portomarin – Palas de Rei

Après une bonne nuit, départ à 7H45. Brouillard et visibilité inférieure à 50m !
Longs moments de prière et Chapelet.
Quand le soleil se lève, le voile se déchire comme par enchantement !
Petites routes (peu de voitures) au milieu des champs des vaches et des fermes.
Je passe les 700km depuis mon départ !
Vers midi, le ciel se couvre, il es temps de continuer pour arriver à 14H à Palas de Rei. Encore un petit hôtel et un repas léger.
A 15H, il se met à pleuvoir franchement : la lessive sera pour un autre jour !
Après un repas sandwich fromage, une messe qui se termine par un très beau chant du pèlerin.

Encore une belle étape : départ à 7H45 dans la brume matinale pour voir un peu plus tard le soleil se lever. De petites routes de campagne entre prés et fermes ( et de nombreuses vaches !). Le temps se couvre lentement mais me permet d’arriver avant la pluie (qui arrive vers 15H30)

J29 Dimanche 24 septembre - Palas de Rei - Arzua

Un temps clair au réveil, départ à 7H45 après un chocolat chaud. De nombreux arrêts pour une boisson ou un encas . Visite et moment de prière à l’église de Furelos.
Encore de superbes chemins avec des forêts de chêne et d’eucalyptus.
Repas après Melide où l’on fait les courses avant qu’il ne pleuve… mais il ne pleut pas. !
Arrivée vers 14H30 à Arzua où l’on cherche l’église … fermée.
Un superbe petit hôtel, le dernier avant Saint Jacques !

Demain à Santiago ?
Tentation réaliste ou folie ?
37km, c’est non seulement possible mais je l’ai déjà fait au paravent.
Ou alors attendre un jour de plus, à 5km du but ? Pour gagner quoi ? Tout dépend de la météo, du corps et du mental.
Mais le 25 septembre, cela fera exactement 30 jours depuis Saint Jean Pied de Port. 3 fois 10 jours comme les trois série de mystères du chapelet.

  • 10 jours joyeux
  • 10 jours douloureux
  • 10 jours glorieux

Exactement 2 jour par mystère.
Et puis le 25 me semble une bonne date, je ne sais pas pourquoi.
Il est amusant de se rendre compte que j’ai déjà oublié certains détails : certains paysages m’échappent complètement, certaines étapes également.
En somme, tout se résume à peu de choses : Marcher pour Dieu et marcher avec Dieu.
Continuer, malgré la fatigue, le doute, le temps car la Vie est devant nous.
Certains trichent devant les difficultés : ils empruntent le bus ou le taxi pour éviter les tronçons difficiles sans que leur état ne le nécessite. Certains renoncent, sans réelles raisons.
L’important est de marcher : peu ou beaucoup, lentement ou rapidement … mais marcher, aller de l’avant, vers le but fixé.
Et le but atteint, que ce soit Santiago ou le Finistère, revenir témoigner par notre présence de notre changement.

  • Importance de Dieu dans le quotidien
  • Importance du culte de la Communion
  • Présence de Dieu en toutes choses
  • Le coté incompréhensible de Dieu car il n’est pas humain. « Les voies du Seigneur sont impénétrables » Tais-toi et marche !
  • Importance de la prière : moment privilégié avec l’autre et Dieu.

Bénédiction de tout ce que l’on reçoit car tout vient de Dieu

Des regrets ?

Non, car regretter, c’est regarder en arrière. Il faut regarder devant soi, marcher et atteindre le sanctuaire pour se « retourner », renaître après être mort à l’être ancien.
Ne jamais regretter mais apprendre de nos erreurs pour ne plus les commettre à nouveau. Accepter les erreurs comme des apprentissages, les assimiler pour changer, évoluer, aller de l’avant.

Et Demain ?

  • Œuvrer pour mes Frères, donner plus d’importance à Dieu, aux dons qu’il m’a donné, m’en servir pour les autres.
  • Œuvrer avec Dieu, dans le sens de sa création, de sa volonté.

Changer ?

Autant que nécessaire pour œuvrer dans ce sens.

Comment ?

Dieu y pourvoira !

Au soir, double souper : spaghetti et poisson pour retrouver des forces

J30Lundi 25 septembre – Arzua - Santiago

Ce matin, départ vers Santiago à 7H30 Une longue étape de 37km mais qui fut en réalité longue de 39km car on passe soudain de la distance 12 à 14 (retour en arrière – comme au jeu de l’oie !)
A part le chemin entre Monte de Gozo et la ville qui est un chemin urbain, le reste est un superbe chemin dans les eucalyptus !
Pas grand chose à manger car on contourne la seule ville qui est juste en dehors du Camino.
Arrivée à 16H à  la Cathédrale

  • Arbre de Jesse
  • Apôtre

Demande de  la Compostella , et recherche d’un petit hôtel : le Nova Casa.
Messe à 19H30 puis Pizza !
Enfin arrivé après 30 jours dont 29 de marches.
Et quelle émotion en embrasant la statue de Saint Jacques !
Et retrouvaille de Michel au pied de la cathédrale, juste avant la messe.
Il est maintenant temps de rechercher des informations pour aller vers le Finistère ou vers Padron et de penser aux trains de retour.

Après 30 jours, dont 29 de marche, voici enfin la cathédrale de Compostelle !
2 longues étapes (29 et 39km) pour atteindre le but du pèlerinage et pouvoir, demain matin, rester un long moment en ce lieu chargé de tant d’histoire et d ‘émotion

J31 Mardi 26 septembre Santiago

Après une longue nuit, la messe des Pélerins à 12H.
Très émouvant. Tant de Pèlerins que l’on retrouve en ville. Un jour sous le signe de m’émotion.

J32 Mercredi 27 septembre Santiago - Padron - Santiago

Départ à 9H30 vers Padron.
Le problème, c’est l’absence de marquage dans ce sens là ! Avec les cartes aux 25.000, je me débrouille, mais ces 20km me semblent longs. Je me rends compte que le corps est épuisé.
Arrivée à Padron, montée et un temps de prière.
Puis descente vers le village. Les pierres transportées depuis la maison sont déposées dans la rivière. Elles iront à la mer si Dieu veut.
Fin du pèlerinage, tout est accompli … et tout est à faire.
Demain, repos, prière, puis retour vendredi vers la Belgique. Je me rends enfin compte qu’il me faut du repos, beaucoup de repos …en particulier le dos qui a été fort sollicité.
Fatigué, mais délivré d’un poids, d’une responsabilité. Comme si toutes les intentions étaient lourdes à porter sur 800km.
Retour sur soi-même, vers les autres, vers la ‘normalité ‘ et sans doute le besoin pour les autres que j’explique …. Mais qu’y a t’il a expliquer ?
Aujourd’hui je suis seul sur le chemin, dans les deux sens …
Padron est oublié.

J33 Jeudi 28 septembre – Santiago de Compostela

Messe des pèlerins à 12H. Je retrouve les deux belges des premiers jours et les autrichiennes, et la française qui souffrait du pied, et une brésilienne croisée sur le chemin, …
L’encensoir géant se balance, superbe mouvement.
Chants par un groupe de français.

Au soir, restaurant végétarien après de nombreux achats.

Dernier jour à Saint Jacques. Je vous envoie cette dernière carte d’un lieu qui restera mystérieux (la pointe du finistère) . Ainsi en sera t’il !

J34 Vendredi 29 septembre – Santiago - Paris

départ à 9H de Santiago. Le train avance lentement, je refais le chemin à l’envers.

Ponferrada
Leon

Le temps de faire un bilan, le point sur 30 jours de marche.

  • Le chemin apporte ce qu’on y met
  • Si l’on a besoin d’aide, les autres sont prêts à vous aider, si on l’accepte
  • Il existe une grande fraternité entre pèlerins, quelques soient leurs croyances
  • L’émotion est palpable à Santiago. Elle est au cœur de la cité, et de la messe des pèlerins. Heureux d’être arrivés, de se retrouver après difficultés et bonheurs partagés.
  • Il y a trois partie au chemin :
    • La préparation dans les Pyrénées, pour éprouver les forces et la détermination
    • Le désert de 4 fois 40km. C’est le moment de solitude, d’intense réflexion, de changement
    • La récompense : >La Galice(sous le soleil)
  • Un pèlerinage doit se préparer, les doutes doivent être derrière nous avant de commencer. A près le doute engendre des problèmes physiques.
  • Un pèlerinage doit se vivre :
    seul et en groupe. Pour partager les moments de bonheur et les moments de difficultés.
  • Il faut aider les autres comme ceux-ci vous ont aidé
  • Etre à l’écoute de Dieu, des autres, de soi-même.
  • Un pèlerinage doit se terminer : importance du témoignage au retour.
  • Le pèlerinage est un condensé de la vie : naissance, vie, mort et renaissance.
  • Mais on n’est plus exactement le même. On souffre dans son corps pour rappeler que arriver à saint Jacques dépend de Dieu et pas des Hommes.
  • Les rencontres nous changent : on croise les gens nécessaires au moment où l’on en a besoin.
    Par exemple : Michel m’a fait penser à d’autres, juste au moment nécessaire. Tout comme, je l’espère, je lui ai permis de clarifier sa propre situation en lui permettant de s’exprimer, de parler de choses personnelles avec un étranger. Mais un pèlerin n’est pas vraiment un étranger.

En rentrant, je ne suis plus Le Pèlerin, d’autres le sont. Mais je suis à tout jamais pèlerin dans ma vie. Dieu est mon guide et me porte et suis son chemin.

  • importance des moments passés avec Dieu, par la prière, la méditation, le chant, la Parole, …
  • importance des communautés, des paroisses
  • importance de donner, de partager.

La fraternité entre les pèlerins est le premier pas vers la fraternité entre les hommes.

Ponferrada
Leon
Sahagun

Endaye : 11 Heures de train depuis Santiago
Puis train de nuit Endaye – Paris

J35 Samedi 30 Septembre 2000 – Paris - Steenkerque

Arrivée à 7H15 à Paris

  • Rue du Bacq : messe à 8H, chargée d ‘émotion, un accueil chaleureux par les sœurs.
  • Finalement Notre Dame de Paris : Long moment de prière à la chapelle des saints sacrements. Beaucoup de larmes, beaucoup de joie.

Et finalement le Thalys vers Bruxelles.
Et réellement la fin du pèlerinage
Et là commence le vrai travail : appliquer, témoigner, vivre ma foi.

Steenkerque, le samedi 30 septembre 2000